Lettre de Charles de Baschi, marquis d' Aubais à Jean-François Séguier, 1769-03-30
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[transcription] Je reçus, Monsieur, hier après dîner, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 20 de ce mois et je vous rends bien de grâces de la manière obligeante dont vous en agissez avec moi au sujet de la triste aventure de mon histoire de Lorraine. Je vous envoie un ordre pour Monsieur Chas fils, mon procureur, afin qu'il agisse de concert avec vous pour retirer au plus tôt les 40 lt. que vous avez données pour ce livre, il vous les remettra sur le champ, et vous garderez mon histoire de Lorraine pour me la rendre a mon arrivée, qui au plus tard sera au mois d'août prochain, et j'espère qu'alors vous vous aquiterez de la promesse que vous faites de me venir tenir compagnie à Aubais, où je suis très résolu de passer l'hiver, le soleil qui me fait vivre pendant cette saison me manquant ici et ne pouvant l'espérer que dans mon manoir. [fol. 8v] Je suis accablé ici d'affaires dont l'événement peut m'être très gracieux, mais qu'il faut que je finisse absolument avant de quitter Paris. Le 27 du mois d'août dernier je gagnai ici au grand Conseil la partie essentielle du procès qui me tourmente depuis plus de trente ans, contre les créanciers de la maison de Fimarcon et surtout contre le Marquis d'Esclignac, qui n'oublie aucune chicane pour me faire perdre en tout ou en partie l'héritage de ma soeur. Le Grand Conseil m'a accordé tout ce que j'ay demandé, il ne me reste plus qu'à faire régler le compte de ce qui m'est dû et qui suivant l'etat que jai remis va a 78 000 lt, indépendamment d'un article de 30 000 lt. dont l'événement n'est pas douteux, mais que je ne puis faire juger, qu'après le règlement de mon compte. Tout ce qui m'est dû est ici chez le notaire séquestre et je le recevrai d'abord après avoir obtenu l'arrêt que je demande. Mon arrangement est tout fait [fol. 9 r] pour placer cette somme. Ce procès ne doit pas durer trois mois, et je partirai dès qu'il sera fini. Avant ce temps-là, je saurai ici ce qui revient à mes trois petites filles de la succession du marquis d'Estrades leur grand-oncle, mort ici le 3 de ce mois. J'espère que cela ira de 3 à 400 000 lt pour toutes les trois, et il faut que ce soit moi qui en qualité d'aïeul et de légitime administrateur de ces trois petites filles agisse pour elles, et veille à leurs intérêts. Indépendamment de cet héritage, elles ont eu celui de la Marquise du Caila, ma cousine et ma belle-fille, morte à Montpellier le 31 janvier dernier. Madame du Caila, s'était engagée avec Monsieur de la Fare de lui payer ce que je lui devais. J'ignore ce qui en reste et je vous prie de lui en demander l'état. On n'a point encore évalué ce que Madame du Caila laisse. Cette succession doit payer Monsieur de La Fare et moi je dois le payer en cas de négligence. Je vous prie en lui faisant bien des compliments de ma part de l'engager à me donner le temps nécessaire pour liquider cette succession, ou gagner mon procès. Dès l'instant que l'une ou l'autre de ces choses sera arrivée, Monsieur de La Fare doit être persuadé, que je ne perdrai pas un instant pour achever de le payer, et cela arrivera sûrement [fol. 9 v] beaucoup plus tôt que s'il entreprenait de faire des poursuites. Le sieur Roussillon, hôte du Luxembourg où je loge ordinairement, m'écrit pour ce que je lui reste dû. Je vous prie de lui demander mon compte, de le garder et de l'assurer que dès le moment que mon procès sera jugé ou que j'aurai de l'argent de mes fermiers il sera payé. Je compte trop, Monsieur, sur votre amitié pour n'être pas persuadé que vous voudrez bien prendre ces soins en ma faveur. J'apporterai beaucoup de nouveautés ayant augmenté la Bibliothèque de plus de cinq mille volumes, et de beaucoup de manuscrits. J'ay l'honneur d'être, Monsieur, avec les sentiments les plus distingués et que je vous ai voués pour toujours, votre très humble et très obéissant serviteur. Le Marquis d'Aubais. Paris, rue du Jardinet, ce 30 Mars 1769.
Mots-clés | Gestion de ses biens, affaires |
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Auteur : | Charles de Baschi marquis d'Aubais |
titre | Lettre de Charles de Baschi, marquis d' Aubais à Jean-François Séguier, 1769-03-30 |
http://nakala.fr/terms#created | 1769-03-30 |
licence | CC-BY-4.0 |
type | http://purl.org/coar/resource_type/c_0857 |
http://purl.org/dc/terms/creator | Charles de Baschi, marquis d'Aubais |
mots-clés | Gestion de ses biens, affaires |
description | [transcription] Je reçus, Monsieur, hier après dîner, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 20 de ce mois et je vous rends bien de grâces de la manière obligeante dont vous en agissez avec moi au sujet de la triste aventure de mon histoire de Lorraine. Je vous envoie un ordre pour Monsieur Chas fils, mon procureur, afin qu'il agisse de concert avec vous pour retirer au plus tôt les 40 lt. que vous avez données pour ce livre, il vous les remettra sur le champ, et vous garderez mon histoire de Lorraine pour me la rendre a mon arrivée, qui au plus tard sera au mois d'août prochain, et j'espère qu'alors vous vous aquiterez de la promesse que vous faites de me venir tenir compagnie à Aubais, où je suis très résolu de passer l'hiver, le soleil qui me fait vivre pendant cette saison me manquant ici et ne pouvant l'espérer que dans mon manoir. [fol. 8v] Je suis accablé ici d'affaires dont l'événement peut m'être très gracieux, mais qu'il faut que je finisse absolument avant de quitter Paris. Le 27 du mois d'août dernier je gagnai ici au grand Conseil la partie essentielle du procès qui me tourmente depuis plus de trente ans, contre les créanciers de la maison de Fimarcon et surtout contre le Marquis d'Esclignac, qui n'oublie aucune chicane pour me faire perdre en tout ou en partie l'héritage de ma soeur. Le Grand Conseil m'a accordé tout ce que j'ay demandé, il ne me reste plus qu'à faire régler le compte de ce qui m'est dû et qui suivant l'etat que jai remis va a 78 000 lt, indépendamment d'un article de 30 000 lt. dont l'événement n'est pas douteux, mais que je ne puis faire juger, qu'après le règlement de mon compte. Tout ce qui m'est dû est ici chez le notaire séquestre et je le recevrai d'abord après avoir obtenu l'arrêt que je demande. Mon arrangement est tout fait [fol. 9 r] pour placer cette somme. Ce procès ne doit pas durer trois mois, et je partirai dès qu'il sera fini. Avant ce temps-là, je saurai ici ce qui revient à mes trois petites filles de la succession du marquis d'Estrades leur grand-oncle, mort ici le 3 de ce mois. J'espère que cela ira de 3 à 400 000 lt pour toutes les trois, et il faut que ce soit moi qui en qualité d'aïeul et de légitime administrateur de ces trois petites filles agisse pour elles, et veille à leurs intérêts. Indépendamment de cet héritage, elles ont eu celui de la Marquise du Caila, ma cousine et ma belle-fille, morte à Montpellier le 31 janvier dernier. Madame du Caila, s'était engagée avec Monsieur de la Fare de lui payer ce que je lui devais. J'ignore ce qui en reste et je vous prie de lui en demander l'état. On n'a point encore évalué ce que Madame du Caila laisse. Cette succession doit payer Monsieur de La Fare et moi je dois le payer en cas de négligence. Je vous prie en lui faisant bien des compliments de ma part de l'engager à me donner le temps nécessaire pour liquider cette succession, ou gagner mon procès. Dès l'instant que l'une ou l'autre de ces choses sera arrivée, Monsieur de La Fare doit être persuadé, que je ne perdrai pas un instant pour achever de le payer, et cela arrivera sûrement [fol. 9 v] beaucoup plus tôt que s'il entreprenait de faire des poursuites. Le sieur Roussillon, hôte du Luxembourg où je loge ordinairement, m'écrit pour ce que je lui reste dû. Je vous prie de lui demander mon compte, de le garder et de l'assurer que dès le moment que mon procès sera jugé ou que j'aurai de l'argent de mes fermiers il sera payé. Je compte trop, Monsieur, sur votre amitié pour n'être pas persuadé que vous voudrez bien prendre ces soins en ma faveur. J'apporterai beaucoup de nouveautés ayant augmenté la Bibliothèque de plus de cinq mille volumes, et de beaucoup de manuscrits. J'ay l'honneur d'être, Monsieur, avec les sentiments les plus distingués et que je vous ai voués pour toujours, votre très humble et très obéissant serviteur. Le Marquis d'Aubais. Paris, rue du Jardinet, ce 30 Mars 1769. |
description | [personnes citées] Bibliothèque d’Aubais, Jean-Henri de Preissac de Marestang, marquis d' Esclignac, Jeanne-Marie Madeleine Susanne marquise de Roquefeuil, Louis Godefroy marquis d’ Estrades, M. Chas, M. (Hôtelier à Nîmes) Roussillon, Monsieur de La Fare |
http://purl.org/dc/terms/publisher | [responsable édition] Francois Pugniere |
http://purl.org/dc/terms/type | Correspondance Séguier |
http://purl.org/dc/terms/format | dossier jpg |
http://purl.org/dc/terms/source | [lieu de Conservation] Nîmes, Bibliothèque Carré d'Art [cote]ms. 139_2, fol. 8-9 |
http://purl.org/dc/terms/source | ark:/12148/btv1b10015178j |
langues | fr |
http://purl.org/dc/terms/created | 1769-03-30 |
http://purl.org/dc/terms/spatial | [lieu d'expédition] Paris (France) |
http://purl.org/dc/terms/spatial | [lieu de destination] Nîmes (France) |
http://purl.org/dc/terms/rightsHolder | Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes |
auteur | Charles de Baschi marquis d'Aubais |